Depuis plus de vingt ans, les marmottes ont colonisé l'espace cantalien. Égérie de publicitaires de tout poil, le petit rongeurne cesse d'être sollicité par des touristes peu conscients de leur impact biologique.Marion Lapeyre Près de 150 marmottes des Alpes-de-Haute-Provence ont été introduites sur les massifs montagneux cantaliens au printemps 1989. Initiée et financée par la Fédération départementale des chasseurs du Cantal, cette implantation avait pour but de valoriser et de renforcer le patrimoine du département en petit gibier.
A l'époque, trois points d'implantation étaient retenus : le cirque de Brezons, le Peyre-Arse et le puy de Niermont. Ces sites présentent l'ensemble des éléments biologiques et naturels nécessaires à l'introduction de la marmotte : des éboulis pour s'abriter, des zones herbeuses pour se nourrir et des reliefs pour bâtir un terrier.
Bien qu'étant une espèce non protégée, la marmotte n'a jamais été chassée dans le Cantal car sa faible proportion de colonies ne cause pas de dégâts. Ajouté à cela un cadre de vie propice à la reproduction et l'absence de prédateurs, voilà qui explique la croissance du nombre de rongeurs. Le recensement de 2009 indique que près de 200 marmottes sont présentes de manière permanente ou temporaire sur près de 50 sites répertoriés.
Mais depuis trois étés, la marmotte devient victime de son image de petite boule de poils qui « met le chocolat dans le papier d'alu ». Les touristes affluent sur les versants du puy Mary pour photographier la vedette. Située à 15 mètres de la route, mais également en plein coeur du départ d'un sentier de grande randonnée, une colonie, constituée d'une vingtaine de marmottes, voit tous les jours défiler des hordes de touristes qui déplacent des pierres et qui s'invitent dans les terriers pour prendre des photos.
« Le cycle biologique des marmottes est complètement perturbé, elles sont inquiètes et ne sortent plus. A terme, il risque d'y avoir un impact sur la qualité de la reproduction et donc sur le nombre d'individus », explique Arnaud Lafon, technicien à la Fédération des chasseurs du Cantal.
Afin de sensibiliser le grand public, le Parc des volcans d'Auvergne et la Fédération des chasseurs prévoient la mise en place d'un panneau d'information à l'entrée du sentier de randonnée. En plus de cela, les gardes professionnels du Parc des volcans devraient sensibiliser les touristes aux risques qu'ils font courir aux marmottes.
« Nous souhaitons montrer que le rôle du chasseur est aussi de contribuer à préserver le capital commun dans lequel il puise », souligne Jean Nicolaudir, directeur de la Fédération des chasseurs du Cantal.
Moeurs et caractéristiques du « siffleur des montagnes »Corps sombre et trapu, membres courts et puissants, la marmotte vit en montagne, là où la profondeur des éboulis stabilisés permet de creuser des terriers profonds.
Rongeur très sociable, la marmotte vie en petits groupes familiaux appelés colonies. Grâce à son champ de vision de 300° (160° chez l'homme), la marmotte appréhende rapidement le danger. De sa position en « chandelle », la guetteuse alerte la colonie par un sifflement audible à un kilomètre.
Ces mammifères sont essentiellement végétariens : herbe, écorce, baies ou encore racines sont leur pain quotidien. A cela peuvent s'ajouter des insectes ou des larves.
Sa réputation de dormeuse n'est plus à faire : la marmotte sommeille tout l'hiver dans un terrier tapissé de foin dont elle obture l'entrée en octobre pour n'en ressortir qu'en avril. Ce sont ses réserves de graisses, constituées durant tout l'été (plus de 70 kg de nourriture !), qui lui permettront de résister à la saison froide. Durant cette léthargie, la température corporelle, les rythmes cardiaques et respiratoires diminuent. Une incroyable régulation de l'organisme qui permettra la survie du rongeur.
La Montagne Cantal du jeudi 26/08