Originaires de toute la France, vingt-neuf personnes sont venues confronter leurs projets de reconversion à la réalité du terrain cantalien pendant trois jours. C'est le pays de Maurs qui régale.
« Avec mon mari, nous sommes installés en élevage avicole avec transformation, dans le nord Isère. Mais on se fait bouffer par l'aéroport Lyon Saint-Exupéry. On aimerait faire la même chose ailleurs. Dans le Cantal, pourquoi pas ? Il me faut cinq hectares ! Et des débouchés. »
Si Florence participe à la session d'accueil d'actifs organisée par Réseau Cantal accueil, ce n'est pas forcément pour s'installer dans le Cantal, mais au moins pour évaluer son projet : « On vend sans doute nos produits plus cher là où on est, car nous sommes près d'une agglomération. Il faut voir si, ici, de la saucisse de poulet, par exemple, cela peut marcher, et à quel prix. Il faut que ça tourne ! »
Pour changer de vie
Depuis mercredi et jusqu'à ce soir, Florence et vingt-huit autres personnes, désireuses de changer de vie ou de coin, sont accueillies dans le pays de Maurs. Soit dix-sept projets de reconversion plus ou moins aboutis, dont huit en agriculture. Le principe de la session : leur permettre de confronter leur projet, de A à Z, au terrain. Au programme, des informations ciblées sur la gestion, la comptabilité, des rencontres avec les élus locaux, les propriétaires fonciers, les notaires, les banquiers... Le tout illustré par des visites de commerces, d'entreprises et d'exploitations.
Hier, en début d'après midi, une quinzaine de « stagiaires » ont ainsi bombardé de questions Chantal et Pierre Vigier, éleveurs caprins et producteurs de fromage à Saint-Constant depuis les années 2000.
À l'issue de la rencontre, Géraldine, de l'Aisne, est plutôt séduite par la production de lait de chèvre. « Au départ, avec mon compagnon, nous sommes plus pour faire de la vache et du veau de lait... Mais j'avoue que la chèvre est un animal qui me plaît davantage. Pourtant je suis étonnée d'apprendre qu'il faut 80 chèvres pour commencer. C'est un investissement? On aimerait vivre à deux sur l'exploitation. »
La jeune femme est diplômée en technologie végétale. Rien à voir avec la future vie qu'elle construit.
Idem pour Audrey et Max, de l'Hérault : « On est tous les deux salariés d'un grand groupe pharmaceutique. Ça fait longtemps qu'on souhaite s'installer en maraîchage bio et en chambres d'hôtes. Notre entreprise est en pleine restructuration. De fait, nous n'avons pas eu de mal à obtenir l'autorisation de postuler auprès du Fongecif, pour pouvoir financer notre BPREA (Brevet professionnel responsable d'exploitation agricole, NDLR). On attend de voir si notre dossier est accepté ».
« Les trois premières années ont été très dures », prévient Chantal Vigier, employée comme serveuse avant de fabriquer des fromages de chèvre. « Il faut tenir, montrer aux clients qu'on fait de la qualité, régulière. » Son mari précise : « Aujourd'hui, nous sommes présents sur deux marchés et nous avons quatre gros clients. Une laiterie ramasse une partie du lait, 180.000 litres, environ. Il y aurait la place pour trois producteurs supplémentaires à 250.000 litres par an, ici ».
Mathilde DUCHATELLE
La Montagne
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