Exact ANTONIO,
c'est la citadelle féodale de Merle
voici la gravure en entier, je la trouve uperbe :
désolée en regardant précisément sur une carte, c'est à la limite CORREZE CANTAL, mais il semble que ce soit en CORREZE.
Ce site ne semble pas loin de Mauriac et doit valoir le détour
Les tours de Merle et leurs légendes par Annie CHAUVET
Aux frontières du Cantal et de la Corrèze, en pays vert, rude et sauvage, se dressent les ruines des châteaux de Merle. Sur leur éperon rocheux, entouré de montagnes boisées et contourné par un torrent venu du Puy Mary,la Maronne qu'elles surplombent de plus de cent mètres, elles ont fière allure, bien que le lierre et la mousse les enveloppent pour essayer de les fondre dans le paysage de forêts inextricables..
Mais l'homme, inlassablement, fait rejaillir des arbres et des taillis, afin qu'il continue à témoigner de sa présence dans cette nature merveilleuse mais intraitable, ce nid d'aigle, protégé par les bois et les gorges profondes de la rivière qui en rendent les abords inaccessibles.
C'est à travers trois légendes de ce beau et sinistre canton de la Xaintrie, que je vous conterai l'âme de ce pays et de ses habitants, bandits et paillards, mais aussi courageux et mystiques, frustres et rêveurs, si proches de cette nature envoûtante.
La chèvre d'or
Cela se passait au temps des druides. Le grand prêtre d'Héius était doté de connaissances et de pouvoirs extraordinaires : les génies soumis à sa puissance lui avaient bâti un palais de marbre dont la voûte de cristal brillait de mille feux et se réflétait dans les deux étangs de Malesse, à la beauté magique.
Le fils d'Héius, Arminien, devint amoureux de Cabra, une sauvageonne aux cheveux noirs et aux immenses yeux bleus qui gambadait, pieds nus dans la bruyère, en chantant. Lorsqu'il l'apprit, la colère du druide fut extrême car il était impossible à Arminien, futur chef des druides, d'avoir d'autre épouse que la fille d'un roi.
Mais l'amour se révéla plus fort que tous les interdits. Navré, le druide ordonna à ses génies de lui amener les coupables pour les mettre à mort. Arminien implora son père, il évoqua le souvenir de sa mère, le suppliant de ne pas faire disparaître Cabra à tout jamais. C'était possible, dit le druide, si le jeune homme donnait son sang. Cabra fut portée sur l'autel de marbre et, pendant que le druide se livrait à des incantations, les génies firent leur travail. Et voici qu'à la place de la jeune fille, il y avait sur l'autel une chèvre d'or. Arminien se transperça de son épée et son sang jaillit sur la chèvre d'or, souvenir de celle qu'il avait tant aimée.
Le druide, fou de douleur, ferma à jamais le palais enchanté, et s'enfuit.
On raconte encore que, non loin de Merle, quelque part près de Malesse, une chèvre d'or est enfouie dans le sol.
Le veau d'or
Plus tard, au temps du roi Pépin le Bref, le chef d'une bande de pillards, Gautier, surnommé le Merle à cause de la couleur de ses cheveux et du sifflement qu'il émettait pour rallier ses hommes, établit son repaire dans la vallée perdue de la Maronne, sur un rocher extrêmement élevé, entouré par une boucle de la rivière qui en faisait une presqu'île. Là, défendu d'un côté par les forêts impénétrables, de l'autre par l'étroitesse de la vallée, il pouvait défier une armée. L'audacieux et féroce Gautier avait enlevé la fille du seigneur de Castelnau, la blonde et douce Mahia, pour en faire sa femme.
Un soir de novembre où la bise soufflait de la vallée, alors que Gautier et une partie de sa horde jouaient aux dés en attendant l'heure du dîner et que Malina filait tout en berçant du bout du pied son fils qui dormait dans le berceau de bois, une femme demanda l'hospitalité. L'étrangère, Oucra, qui tentait de rejoindre sa tribu après la mort de son fils, s'était égarée dans les gorges profondes.
Alors que Gautier s'apprêtait à renvoyer la misérable, Mahia eut pitié et l'invita à rester. L'étrangère retira la mante sombre qui l'enveloppait. Tous purent admirer combien elle était grande, belle et hautaine, en dépit des larmes qui coulaient sur son visage. Elle parlait de son fils et Mahia compatissait à sa douleur.
Pour la remercier, Oucra offrit au bébé trois griffes d'ours de son propre collier. Elle prédit qu'il serait un grand chef, que ses descendants gouverneraient le pays et que sept tours s'élèveraient en cet endroit même.
Au matin, l'étrangère était partie, sans que nul l'ait revue. Mais Mahia remarqua, sur la grande table, gravés à l'aide d'un clou rougi au feu, des caractères inconnus et un dessin ressemblant à un plan.
Les années passèrent. Mahia, un jour, recueillit un homme, membre d'une tribu errante. Reconnaissant les caractères gravés dans le bois de la table, il expliqua que sa reine, Oucra, avait dessiné là le passage permettant d'accéder à une grotte où ses lointains ancêtres avaient vécu et dont ils avaient bouché l'entrée.
Le bohémien conduisit Malina à un gros rocher situé près de la maison, le fit pivoter, et ils pénétrèrent dans une grotte d'où partaient deux couloirs. L'un, presque horizontal, conduisait dans la forêt et l'autre descendait à la rivière.
Cent ans passèrent. Les Normands ravageaient la France. Ils avaient remonté la Garonne et, par la Dordogne, cherchaient à gagner l'Auvergne. Après avoir saccagé Beaulieu et ses monastères, ils arrivèrent à Argentat. Ils s'enfoncèrent alors dans les gorges impraticables de la Maronne où le petit-fils de Gautier, Griffe d'ours, ainsi nommé à cause d'une amulette sur sa cotte de mailles, aidé des seigneurs voisins, les massacra et s'empara de leur butin.
La plus belle pièce était une statue en or, semblable à un veau. Il l'enfouit dans la grotte secrète que lui avait fait connaître sa grand-mère. Telle est l'origine du trésor de Merle. Les générations qui suivirent grossirent le trésor qui leur servit à bâtir le premier château, puis les autres tours dont il ne reste aujourd'hui que les ruines orgueilleuses, endommagées par les canons. La forteresse fut assiégée, l'entrée du souterrain démolie et la sortie du souterrain menant à la Maronne bouchée lors d'une violente crue de la rivière.
Le secret de la salle se perdit avec un seigneur tué à la guerre. Mais l'idole d'or, cachée à jamais, fait encore rêver certains audacieux, avides de richesse.
Au jardin de Pesteils
Entre le XIIIe et le XVIe siècles, la Maison de Merle contracta des alliances avec les maisons de Pesteils, de Vayrac, Biorc de Pleaux, St Basile, Noailles, de Carbonnières. Ainsi s'édifièrent, successivement, les autres châteaux, du nord au sud, jusqu'au bout de la presqu'île. Mais à l'époque où se situe notre histoire, au XIIIe siècle, il n'y avait à Merle que deux donjons situés à l'entrée de la presqu'île surplombant la Maronne, à la sortie de sa boucle.
Au pied de la dernière tour, au bord du précipice, se cache le jardin de Pesteils, entouré de chênes et ouvert au soleil du midi, havre de paix et de douceur dans ce paysage grandiose et rude. En ce printemps naissant, l'herbe est tendre, la mousse douce et les genêts explosent. Oubliée, la vie âpre qu'impose ce rude pays : Dame Edith, la jeune et blonde épouse du vieux seigneur de Merle, se promène en compagnie de Jehan, le ménestrel. Il dit un poème qui parle de l'eau claire, du vent joyeux dans les arbres et la douce châtelaine est heureuse. Plus question de guerres ni de massacres, de rapines ni de beuveries...
Pourtant ce bonheur sera de courte durée. Rigaud de Carbonnières dont le château est voisin, et qui courtise la jeune femme, découvre l'amour qui unit la chatelaine au ménestrel. Il prévient Hugues de Merle qui chasse aussitôt le troubadour. Edith n'a pas une larme mais elle entreprend aussitôt un long travail. A longueur de journée, elle tresse des cordelettes de soie qu'elle entasse dans des paniers. Son époux s'étonnant de cet ouvrage, elle lui explique qu'il s'agit d'un vœu dont elle ne peut parler. Tout l'été s'écoule ainsi.
Un soir d'automne, Edith allume trois cierges sur sa fenêtre. A minuit, trois hurlements de chouette se font entendre au pied du roc de Merle. Deux silhouettes féminines se profilent et s'activent dans la nuit. Une longue corde est poussée dans le vide. Une des ombres se penche et disparaît. Au bas du rocher vertigineux, un homme attend. Un rayon de lune éclaire Edith et Jehan, qui, sans bruit, marchent à pas rapides jusqu'au bois où un cheval est attaché. Tous deux ont sauté en selle ; le cheval part au galop... Soudain, une flèche transperce les amoureux de part en part. Le cheval effrayé bondit, emportant les deux corps enlacés et sans vie.
Dans le canton, le soir, à la veillée, les vieilles racontent dans leur rauque patois que, par certaines nuits de lune, elles ont vu un cheval galoper sur la lande autour de l'étang de Malesse. C'est celui qui porte Dame Edith et son ménestrel, réunis à jamais. Et du côté de Goulles, près de Carbonnières, certains pêcheurs affirment qu'à l'aube, alors que la truite se réveille, une forme blanche pleure sur les rochers : c'est le meurtrier, le jaloux Rigaud, qui expie son forfait...
Je pourrais aussi vous conter l'histoire de sainte Julitte, patronne de l'église de St-Cirgues-la-Loutre, celle du puissant curé ; celle du loup de Sermus et de la Dame de Veilhan ou encore celle du Rocher du Sanglier....
Annie CHAUVET
Droits réservés à Nouvelle Acropole. Article parut dans la revue Acropolis édité par Nouvelle Acropole.
Voilà des histoires et des légendes comme je les aime
Bonne lecture