Il est bon de se souvenir toutefois que la France se trouvait coupée en deux dès le 22 juin 1940 par l'armistice de Rethondes. La ligne de démarcation passait chez nous à Moulins (03); au sud, la zone dite libre mais entièrement sous le contrôle des autorités francaises.
En effet, VICHY, la station thermale de l'Allier, était devenue dès le 1er juillet le siège de l'ETAT FRANCAIS. Le gouvernement (PETAIN,LAVAL,DARLAN) y siègea du 12 juillet 40 à aout 44. tous les ministères et administrations occupaient les hôtels, mais également ceux de Chatel-Guyon, Royat et Clermont-Ferrand.
Il y avait l'Armée d'Armistice, les services de Police et de Gendarmerie...
Mais encore, la Légion des Combattants (29 août 40), le service d'Ordre Légionnaire (printemps 41), puis en janvier 43, la Milice Francaise, de sinistre mémoire. De plus, le 11 novembre 42, la WEHRMACHT et la GESTAPO, occupaient également la zone "libre".
C'est dire que les quatres départements qui constituent l'Auvergne ( ALLIER, CANTAL, HAUTE-LOIRE, PUY DE DOME) - et qui formeront durant la clandestinité la Région 6 des Forces Francaises de l'Intérieur- étaient particulièrement sous surveillance. Malgrès cela la Résistance se mettait rapidement en place. A partir de janvier 41, création des principaux Mouvements de la Résistance et des Réseaux; celle de l'O.R.A. après novembre 42. Enfin, janvier 43 le 1er CORPS FRANC d'AUVERGNE installé à l'ESPINASSE (63) devenait opérationnel.
COMMENT FUT CHOISI LE MONT-MOUCHET ?
Un rapport adressé au B.C.R.A. à Londres en 43 proposait d'installer plusieurs "Réduits"dans les régions montagneuses de la zone libre (chez nous en Margeride aux confins du CANTAL et de la HAUTE-LOIRE), à condition d'avoir l'assurance formelle des Alliés d'être ravitaillés en armement et munitions. A partir du 1er janvier 44, l'imminence du Débarquement et les problèmes posés par la présence de très nombreux "Maquisards" notamment en R.6 firent que le Comité d'Action en France et le B.C.R.A. soumirent au Général De Gaulle différents plans, notamment le "Plan Caïman" accepté le 16 mai 44.
Celui-ci prescrivait aux Forces Francaises de l'Intérieur les buts qu'elles devaient s'efforcer d'atteindre.
Le Comité Régional de Libération et le Colonel GASPARD Chef régional des F.F.I. faisaient approuver à l'unanimité la décision de mobilisation partielle, et le regroupement dans trois "Réduits" : Le Mont-Mouchet, Venteuges, la Truyère.
Des milliers de "Maquisards se dirigèrent alors vers la Margeride. Les Compagnies occupèrent les emplacements prévus. L'Etat-major s'installa dans la Maison forestière, détruite pendant les combats. Le Maquis du Mont-Mouchet avait pour instruction de retarder par tous les moyens, la jonction des troupes allemandes du sud avec celles de Normandie en particulier, afin de faciliter l'avance des Alliés.
CE QUI S'EST PASSE EN CES LIEUX EN 1944
Le 2 juin : Un bataillon allemand se dirige sur Le Malzieu (Lozère) et attaque le Mont-Mouchet sur son flanc sud. il subit des pertes par les 2ème,3ème Compagnies et le Corps Franc LAURENT.
le 10 juin : Trois groupements tactiques de la WEHRMACHT forts de 2200 hommes, avec l'appuie de blindés et de l'aviation, convergent vers le Mont-mouchet par l'OUEST (Saint-Flour 15), le NORD (Langeac, Pinols 43) et l'EST (Le Puy, Saugues). Ils tentent de prendre au piège l'ensemble du dispositif. Des combats violents ont lieu tout le jour. Les Compagnies s'accrochent au terrain et obligent l'ennemi à se retirer sur ses bases de départ.
Le 11 juin: L'attaque allemande reprend avec d'importants renforts. Les combats sont acharnés mais, faute de munitions, le Colonel GASPARD donne le soir l'ordre de repli. Les Compagnies se replient donc sur le Réduit de la TRUYERE par le SUD, tandis que celles de Saugues, Venteuges, gagnent les forêts de Mercoire et de La Chaise-Dieu. Quand les allemands atteindront, bien plus tard, la Maison Forestière du MONT-MOUCHET, ils ne trouveront rien, ni hommes, ni matériels
Au cours des opérations, les allemands pillèrent et incendièrent de nombreux villages; ils fusillèrent aussi des habitants:
26 à RUYNES EN MARGERIDES (CANTAL)
13 à CLAVIERES (CANTAL)
11 à PINOLS (HAUTE-LOIRE)
5 à AUVERS (HAUTE-LOIRE)
enfin 25 otages furent exécutés au PONT DE SOUBIZERGUES (ST GEORGES 15) le 14 juin.
Le 20 juinau matin, quatres regroupements tactiques allemand attaquent le Réduits de La TRUYERE, dotés d'un armement lourd: chars, artillerie, aviation. Partout la bataille fait rage, plusieurs villages sont détruits. Devant la puissance de feu de l'ennemi, l'Etat-Major des F.F.I.se résoud à donner l'ordre de décrochage, à la tombé de la nuit.
Le service de Santé, encerclé à SAINT-JUST vit 6 Résistants gravement blessés et 3 ,accompagnateurs sanitaires, froidement exécutés par les allemands.
Au cours de ces batailles les pertes des F.F.I. furent sévères: on dénombrait 283 tués et 180 blessés, ainsi qu'une centaine d'otages civils fusillés par les nazis.
Du coté de ceux-ci, les pertes furent également importantes.
Les Compagnies F.F.I. ultérieurement reconstituées en 20 zones de guérilla harcelèrent les allemends un peu partout en R6 et, avec les F.F.I. du LIMOUSIN et de la NIEVRE forcèrent les 22000 hommes de la colonne ELSTER à capituler au confluent de l'ALLIER et de la LOIRE au "Bec d'Allier"
C'est ainsi qu'après beaucoup de sang et de larmes l'Auvergne fut totalement libérée de l'occupant dès septembre 1944, et que certains Maquisards poursuivirent le combat aux cotés des Alliés jusqu'à la capitulation finale de l'Allemagne nazie, le 8 mai 1945.
DOC. MUSEE DE LA RESISTANCE DU MONT-MOUCHET.